Nathalie Kaïd

Créatrice de Sœurs d'Encre

Photographe, artiste solidaire, tatouée engagée

C'est parce qu'elle travaillait à un projet artistique personnel sur les tatouages féminins, que Nathalie s'est intéressée aux tatouages réparateurs. Cette rencontre avec des femmes ayant souffert d'un cancer du sein l'a conduite à créer en 2016 la semaine Rose Tattoo dans le cadre d'Octobre rose, avec la Maison rose de Bordeaux et finalement de créer l'association Sœurs d'Encre by Rose Tattoo.


« J’aimerais que la Semaine Rose Tattoo prenne une ampleur durable et nationale. »

 Entretien avec Fisso, journaliste.

Nathalie, grande adepte du tatouage, rêvait d’offrir ses bienfaits aux femmes qui ont surmonté le cancer du sein.

La Semaine Rose Tattoo est née en octobre 2016 de sa volonté passionnée.

 

Le tatouage est encore plus important après un cancer du sein parce qu’il produit un double effet ! Il réhabilite l’image de soi et transforme le regard de l’autre, du conjoint en particulier. Cette nouvelle perception à la fois intérieure et extérieure s’avère très réparatrice. Sur le plan psychologique et esthétique, la métamorphose est intense, rapide.Toutes les femmes qui se sont fait tatouer à la Maison Rose le disent : retrouver sa féminité, se réapproprier son corps, ne plus cacher sa poitrine, c’est une renaissance.

 

 Photo Eleni Dimitriadi-Chailleux


J’ai découvert la bienveillance

Je me suis beaucoup interrogée sur la féminité, à titre personnel comme dans mon travail de photographe. En 2010, j’ai réalisé une exposition sur la poitrine des femmes. Présentée place de la Bourse à Bordeaux, elle a connu un grand succès, montrant le parcours des femmes de 10 à 85 ans à travers leurs seins. La poitrine, objet de fantasme sexuel et sein nourricier, source de vie ou de mort… J’ai commencé à me faire tatouer à 47 ans, pour mieux maîtriser mon corps et mon image. Sans doute aussi pour me faire m’aimer mieux. J’en ai ressenti aussitôt la puissance thérapeutique, ça a bouleversé ma vie. J’ai alors imaginé ce que ça pourrait être pour une personne malade ! Je me sers de mon vécu, de ce qui me fait du bien. Et j’aime le partage, la rencontre. Voilà ce qui m’a incitée à créer la Semaine Rose Tattoo, sur le modèle américain de P.ink. “

Les tatoueuses ont travaillé bénévolement

Les fondatrices de Rose Magazine et de la Maison Rose sont des amies. J’étais proche aussi du directeur de communication de l’Institut Bergonié. Je leur ai soumis le projet ainsi qu’aux tatoueuses que j’avais déjà rencontrées pour le livre “ S’aimer tatouée ”. Tout le monde a suivi ! Le reste s’est enchaîné : 

 

associer le milieu médical en obtenant l’accord des oncologues et des dermatologues, animer une grande réunion d’information, accueillir les candidates au tatouage, organiser leur choix de tatoueuse (j’avais très peur qu’il y ait des laissées-pour-compte mais les binômes se sont constitués comme par magie !), monter un salon de tatouage à la Maison Rose…

Un plaisir intense et beaucoup d’émotions fortes !

Le plus simple pour cette première édition était de rester entre femmes. Cette intimité et l’ambiance à la Maison Rose ont dédramatisé le cancer. Le rapport à la maladie est devenu positif et même gai. J’ai perdu ma mère, ma tante, mon oncle du cancer et mon père est aujourd’hui atteint. Le sujet reste dramatique dans ma famille.

 

 Il ne l’est plus pour moi. Grâce à l’exemple de ces femmes, je pense que je serais capable de l’affronter. J’ai été très heureuse de leur donner l’occasion de vivre l’expérience du tatouage, et de constater, une fois de plus, son pouvoir inestimable. A quel autre événement de la vie peut-on le comparer ? A rien sauf peut-être… un coup de foudre, une rencontre amoureuse, un accouchement !!

 


 Ce qui me réjouit le plus : la majorité des femmes tatouées pendant la Semaine Rose Tattoo ne seraient jamais passées à l’acte sans ces circonstances ! Elles sont devenues les ambassadrices d’une aventure humaine, artistique et solidaire.


Une histoire, un livre : « S'aimer tatouée »

« Mon expérience de "femme tatouée" m'a amenée à me demander ce qui poussait les autres femmes à se faire tatouer. Quels changements ont vécu ces femmes grâce au tatouage ? »

195 témoignages et 530 photographies couleur avec un dossier de 30 pages Rose Tattoo dédié au tatouage après un cancer du sein.

Ce livre est avant tout un projet artistique réalisé par Nathalie.

Des moments de vie joyeux, douloureux ou purement esthétiques « encrés » pour la vie. Le tatouage est un acte fort qui transforme le corps et l’esprit. Un bouleversement profond qui change le regard des gens à jamais. Extrait de la pré-maquette du livre « S'aimer Tatouée ».

Un projet collectif : rencontres, amitiés et engagement bénévole par des passionnés 

 

Au tout début du projet, je souhaitais commencer par une exposition photographique. Fabrice, mon mari, devait s’occuper des textes, puis au fil des rencontres, des femmes tatouées qui écrivaient m’ont proposé de retranscrire nos interviews et de commencer l'écriture d'un livre. Des amis se sont joints à moi et ce projet est devenu collectif !

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