Lucie, 46 ans

Tatouée par Pavlova

Quand je suis sortie de ma séance de tatouage, je me suis sentie comme Wonder Woman au milieu des flammes !

J’ai découvert mon cancer par auto-palpation à l’âge de 41 ans. Quand je suis allée voir les médecins, ils m’ont dit que c’étaient des kystes. Il a progressé pendant un an avant qu’on m’annonce que j’avais bel et bien un cancer du sein hormono-dépendant. Ayant plusieurs lésions, on ne pouvait pas éviter la mastectomie, j’ai ensuite eu de la chimio et des rayons. Aujourd’hui, je suis sous hormonothérapie.

 

L’annonce a été comme un coup de massue, mais j’étais bien entourée, il fallait se relever, et mon fils - âgé de 12 ans à l’époque - a été mon moteur. On a beaucoup dédramatisé la situation avec mon mari pour que chacun puisse la vivre « au mieux ». Mon fils jouait à la boule de cristal sur mon crâne rasé, il mettait mes foulards, mes bonnets ou ma frange. J’avais un rituel pour aller en chimio : assortir legging et foulard, c’était important de continuer à prendre soin de moi ! Mon médecin m’a dit qu’il ne m’avait jamais vraiment vue malade, je ne voulais pas laisser la maladie prendre le dessus.

 

J’avais nommé ma tumeur Oogie boogie, en référence au méchant dans L'Étrange Noël de monsieur Jack. Je devais vaincre la maladie, ne plus la laisser revenir. Mais j’avais un morceau en moins. La question de la reconstruction a été un vrai cheminement. Quand mon médecin m’a parlé d’une prothèse en silicone, je lui ai répondu que c’était hors de question car je suis zéro déchet ! Je ne pouvais pas faire l’opération du grand dorsal à cause d’une scoliose et le lipomodelage impliquait un trop grand nombre d’opérations et d’anesthésies générales sans certitude de résultat.

 

J’avais vu des photos de tatouages sur cicatrices avant d’être moi-même concernée. Le choix du tatouage est devenu une évidence ! Je ne voulais pas cacher ma cicatrice mais l’habiller, l’embellir. C’était aussi une manière de terminer un cycle, d’en sortir quelque chose de beau : j’ai appris pour mon cancer en mai, et je me suis aussi fait tatouer au mois de mai 4 ans plus tard !

 

C’était un cadeau de moi à moi, une façon de me féliciter d’avoir traversé tout ça. Quand je suis sortie de ma séance de tatouage, je me suis sentie comme Wonder Woman au milieu des flammes ! J’avais l’impression d’avoir une armure, d’être forte, que plus rien ne pouvait m’arrêter.

 

Faire ce shooting avec Sœurs d’Encre est une façon de montrer qu’il faut penser le tatouage comme une option de reconstruction. Il contribue à l’acceptation de son corps modifié et à la nouvelle image que l’on a de soi. Il permet de voir les cicatrices différemment et de les porter fièrement ! Ne pas oublier mais continuer à avancer !

 

« La vie, ce n’est pas d’attendre que l’orage passe, c’est d’apprendre à danser sous la pluie. » Sénèque


Retranscription du témoignage par Mélissa Castillon.