Marna, 56 ans

Tatouée par Toni-Lou

C’est comme si on m’avait refait ma poitrine, je ne vois plus du tout mon creux. C’est ma reconstruction esthétique personnelle.

Il y a trois ans, lors d’une consultation chez le gynécologue, il a senti une boule sur mon sein gauche. J'ai fait une mammographie, IRM et aussi une biopsie. Dix jours après, quand je suis entrée dans le cabinet du gynécologue, il m’a dit : « Alors ce cancer ? ». Ça a été un choc. En tant que médecin, il devait certes me l'apprendre mais pas de cette manière. Je me suis effondrée et je n’ai plus jamais revu ce gynécologue.

 

J’ai eu deux opérations, on ne m’avait pas enlevé suffisamment de cellules la première fois, j’ai eu une « reprise de berges ». Il me manque un morceau du sein gauche et j’ai une cicatrice sous l’aisselle. Par la suite, je n’ai pas eu de chimiothérapie mais une radiothérapie, et depuis je suis sous hormonothérapie. J’ai fait le choix de vivre la maladie seule, avec l’aide de ma mère revenue du Chili et de mes enfants, tous très présents pour moi.

 

Bien avant mon cancer, on m’avait prêté le livre S’aimer Tatouée de Nathalie Kaïd. Je l’ai trouvé génial. Durant cette période douloureuse, je me suis dit que le tatouage sur cicatrices pouvait être une solution, et j’ai contacté l’association Sœurs d'Encre. J’ai pris mon mal en patience car je devais attendre un an, mais je savais que ça en vaudrait la peine.

 

À mon plus grand bonheur, le rendez-vous est arrivé plus tôt que prévu. La séance a duré quatre heures. C’était assez douloureux mais je savais que c’était ce que je voulais. À la fin, quand je me suis regardée dans la glace, les larmes me sont montées aux yeux. Je me suis vue autrement. Je ne voyais plus la cicatrice mais quelque chose d'esthétique, de très beau. C’était ce que j’avais espéré.

 

Aujourd’hui, quand je me regarde, je ne vois que mon tatouage. Je sais que j’ai eu mon cancer, je ne peux pas l'oublier mais ce tatouage est une thérapie quotidienne. Ça m’a fait un bien fou, ça m’aide à avancer. C’est comme si on m’avait refait la poitrine, je ne vois plus du tout ce creux. C’est ma reconstruction esthétique personnelle.


Retranscription du témoignage par Mélissa Castillon.