Marie-Laure & Odré #1 / 2016

Un tatouage pour être e accord avec soi-même


Marie-Laure, 52 ans

J’ai l’impression d’être redevenue entière.

Marie-Laure était hostile au tatouage, elle s’est même farouchement opposée à celui de sa fille. Et puis la révélation a eu lieu : il fallait qu’elle aussi passe à l’acte sous les mains d'Odré !

« Entre juillet 2012 et mars 2013, j’ai subi une chimiothérapie, une radiothérapie et une opération en 2 phases. Il a fallu « ratisser large », m’enlever un quart du sein gauche qui est ensuite devenu carré, ses tissus endommagés par la radiothérapie. A chaque fois que je me regardais dans la glace, je me disais « Ne te plains pas, tu l’as encore… ». Je relativisais mais j’avais très mal et je ne cessais de prendre du poids. Je me suis alors impliquée dans des associations d’après-cancer, dans des défis sportifs. J’ai bénéficié du groupe 3V (Vouloir Vivre Vaincre) mis en place par l’Institut Bergonié. Dépassement de soi, navigation sur un vieux gréement, traversée du désert, canyoning, rando VTT avec la Médocaine, activité physique adaptée.

J’ai fait partie des Dragon Ladies, capables de traverser les 32 km de la lagune de Venise à la rame, pratiquement en transe sur un kayak ! Portée par ces messages positifs et solidaires, je n’étais plus la même mais… mon poids continuait à me gêner. Je mettais ça sur le compte de l’hormonothérapie et de la ménopause.

 

Phase ultime d’une renaissance.

"J’ai été informée de la Semaine Rose Tattoo et j’ai pris ma décision instantanément : le sujet avait fait son chemin, la tête de lion sur l’avant-bras de ma fille que j’avais refusé de cautionner était en fait magnifique, à mon tour j’allais me faire tatouer ! Un motif très graphique, un dragon stylisé, une fleur d’hibiscus, des petites touches de cerisier japonais, de la couleur, un papillon en haut à droite à l’emplacement du cathéter, voilà ce que je voulais ! Odré a été à l’écoute, intuitive, inspirée. Je l’avais choisie à partir des photos de son travail sur Facebook et je ne me suis pas trompée. C’est une véritable artiste qui puise dans les éléments qu’on lui apporte pour créer à sa façon très personnelle, toute en feeling. Aujourd’hui, je suis en accord avec tous ces événements et j’ai retrouvé une pêche d’enfer. La décision de me faire tatouer a entraîné un déblocage total. Pour moi, la boucle est bouclée !"

Odré

Cette expérience a été une véritable cure d'émotions

Odré s’est montrée omniprésente durant la Semaine Rose Tattoo. La belle tatoueuse s’est consacrée à Marie-Laure et Aline mais elle a également mis son énergie au service de tout le groupe.

 

"J’ai perdu Maylis, ma meilleure amie, d’un cancer du sein. Mon engagement auprès des femmes qui ont surmonté cette maladie est un hommage, je voulais honorer sa mémoire. J’ai pris une semaine de congé pour pouvoir être sur place à la Maison Rose même les jours où je ne tatouais pas. Ça avait du sens pour moi et ça m’a fait du bien. Aline et Marie-Laure m’avaient choisie toutes les deux lors de la constitution des binômes tatoueuses-tatouées. Elles m’ont exposé leurs souhaits et nous nous sommes vues ensuite chez Crab Tattoo à Pessac où je travaillais à ce moment-là. Je leur avais demandé de m’apporter des documents, des pistes, des sources d’inspiration, des choses qu’elles aiment bien, qui les touchent… Pas forcément des images ou des motifs de tatouage mais plutôt des fragments de leur univers personnel. J’ai besoin de ressentir les personnes pour ensuite laisser parler mon feeling !

 

Une spécialité : travailler les cicatrices, remodeler les volumes. Je fonctionne à l’intuition, je peux produire des styles très différents, couleurs, aquarelles, beaucoup de réalisme, des grosses pièces, du japonais aussi. J’aime la nouveauté, je ne fais jamais deux fois la même chose. Je me suis spécialisée dans le recouvrement. Je travaille en free hand, sans dessin de base, sans calque. Mais là, pour rassurer Aline et Marie-Laure, je leur ai proposé une esquisse, ce que je ne fais jamais ! J’utilise la cicatrice pour la mettre en valeur, m’en servir, en faire un objet qui participe à la beauté du tatouage et à son mouvement. C’était la première fois que j’intervenais sur des femmes après un cancer et je suis prête à recommencer bénévolement à tout moment, pour toutes celles qui le souhaitent."


Le tatouage a effacé le traumatisme de mon sein déformé mais il m’a aussi permis de développer une féminité au-delà de ce qu’elle était avant ma maladie.

J’ai l’impression d’être redevenue entière.


Je me sens en harmonie avec moi-même. J’ai retrouvé une pêche d’enfer et j’ai aussi réussi à perdre du poids !

J’aide les femmes à tirer un trait sur le cancer, j’accompagne un changement, et je vois le bonheur dans leurs yeux.