Nathalie & Cathy

édition #2 - 2017

A 54 ans, j'ai pris de l'assurance avec ce tatouage.

Mon premier cancer, j’avais quarante ans, c’était en 2004. On m’a enlevé deux tumeurs. A la suite, j’ai eu des rayons et de l’hormonothérapie. Au bout de dix ans, deuxième cancer avec cette fois-ci ablation totale et reconstruction immédiate par prothèse. J’ai rejoint le projet Rose Tatoo en découvrant Nathalie Kaid sur Facebook et je me suis intéressée à elle.

Auparavant, j’avais fait un voyage à Bali et j’avais ramené un petit tatouage. Je ne sais pas expliquer pour quelles raisons j’ai eu envie de me faire tatouer le sein. Il est reconstruit mais ce n’est jamais comme on en a envie. Ma cicatrice ne m’a pas gênée car elle se trouve au milieu du sein. J’avais quand même essayé le tatouage du mamelon mais cela n’a pas marché. Ce n’est pas très beau.

En découvrant les tatouages thérapeutiques, j’ai regardé des photos et j’ai trouvé cela très esthétique. Audrey avait déjà tatoué des copines à moi. Je me suis dit « je me lance ». Audrey dessine au feeling. Le mien est composé de fleurs fuschias très colorées comme des orchidées. Je voulais vraiment de la couleur. J’ai recouvert le sein du haut de la clavicule jusque sous le sein. Pour l’anecdote, cinq jours avant mon tatouage j’ai rencontré une femme qui avait été aussi tatouée par Audrey sur le sein en tatouage thérapeutique. C’était comme un signe et j’avais raison de le faire. Durant le tatouage, j’ai bougé dans tous les sens, j’ai eu mal au dessous des côtes. Audrey doit se rappeler de moi ! La cicatrice n’a, elle, pas été du tout sensible. Les couleurs sont plus claires mais je n’aurais pas le courage d’y retoucher. C’est comme une brûlure. Mon mari adore et mes amies ont trouvé cela très courageux. Les gens se demandent quand même si c’est ornemental ou à cause d’un cancer. Tu prends de l’assurance avec ce tatouage. Je me sens plus féminine.

C’est un beau dessin que je vois tous les matins. Cela ne me dérange plus de montrer mon corps. 


Interview Lara Kastel, rédaction Laurence Marino, Armelle Mirieu Correction Nadine Fréou. Photos Nathalie Kaïd