Sophie, 48 ans

Tatouée par Odré tattoo lors de Rose Tattoo 2022

 J’ai été diagnostiquée en octobre 2019. J’ai eu trente trois séances de radiothérapie et je suis désormais sous hormonothérapie depuis septembre 2020. J’ai subi une tumorectomie. La tumeur avait bien diminué avec la chimio, ils ont enlevé ce qu’il restait. Il n’y avait pas de nécessité de reconstruction dans mon cas, ils m’ont proposé de diminuer l’autre sein mais j’ai refusé. Je ne voulais plus subir d’opération. 

 

J’ai pris la décision de me faire tatouer assez rapidement étant donné je savais que je ne voulais plus passer sur la table d’opération. Ce que je ne savais pas, c'est si je voulais un tatouage artistique ou un téton en 3D. J’ai passé une bonne année à me décider sur le type de tatouage ; ensuite, il fallait que je me lance. J’ai choisi le tatouage artistique parce-que j’aime le tatouage, ça me permet de m’exprimer dans un art que j’apprécie. J’ai vu ce qui se faisait sur les réseaux sociaux et j’ai lu les témoignages des femmes qui disaient à quel point ça les avait aidées, c’était ce que je recherchais. 

 

J’avais quelques appréhensions sur la douleur et le dessin mais j’ai quand même fait confiance à ma tatoueuse. Des zones sont plus sensibles que d’autres, comme la cicatrice, mais dans l’ensemble ça a été. Si le contexte de Rose Tattoo n’était pas présent, je ne me serais sans doute pas lancée dans un tatouage seule. On sent ici une certaine émulation, on n’est pas toutes seules. Ça donne plus de force. Le fait de déjeuner avec les femmes venant se faire tatouer, ce moment entre nous durant lequel on peut échanger, c’est génial. J’ai eu mon cancer pendant la période Covid alors on ne rencontre pas beaucoup de monde, on manque de liens. 

 

En me regardant dans le miroir, j’ai ressenti un soulagement. Je crois que c’est se dire qu’on ferme une certaine page mais qu’on rouvre autre chose sans oublier pour autant. J’ai toujours eu cette volonté de ne pas oublier, je n’ai jamais eu de mal à en parler mais là c’est un « ouf ». Je vais pouvoir passer à autre chose.

 


Photographie par Nathalie Kaïd.

Interview et retranscription du témoignage par Loïcia Lima.