Véronique, 57 ans

Tatouée par Charlie Kopas lors de Rose Tattoo 2022

 À 35 ans, je voulais faire un second enfant. Je suis allée voir ma gynécologue qui a eu un doute. J’avais les seins un peu denses, elle m’a fait faire une échographie et une mammographie. Elle m’a sauvé la vie. Mon cancer était assez avancé, si on s’en était rendu compte deux ou trois mois plus tard, je ne serais pas là pour en parler. J’ai pris une gifle, d’autant plus que je ne venais pas pour ça.

 

Tout s’est enchaîné très vite. On m’a fait une première opération pour m’enlever les ganglions, puis six chimiothérapies et une ablation complète. Je suis tombée enceinte et je n’ai pas pu le garder donc on m’a fait un curtage et ligaturé les trompes car les médecins m’ont dit que je ne pourrai plus avoir d’enfant. Ils m’ont également enlevé la glande thyroïde par précaution car elle commençait à partir en vrille. 

 

Je me suis reconstruite après. C’est une grosse opération et j’ai eu le temps de récupérer des autres avant de passer par cette étape. Laisser le temps m’a permis de plus facilement l’accepter et d’être sûre de mon choix. Je ne supportais pas cette image de femme plate avec des cicatrices dans le miroir. La reconstruction était nécessaire pour moi même si j’ai beaucoup souffert. Je n’ai pas eu de rejet et j’ai à peu près bien cicatrisé même si elle a un peu craqué. 

 

Je savais que je voulais me faire tatouer. J’y ai beaucoup pensé, mais je ne savais ni quoi ni comment. J’ai une amie qui m’a parlé de Rose Tattoo, j’ai été sélectionnée pour participer à l’aventure et rien que ça c’était super ! J’ai rencontré ma tatoueuse un peu avant l’événement, on a pu discuter, faire connaissance et faire un premier dessin. Je suis arrivée à Rose Tattoo sereine et pleine de confiance et quand elle me l’a montrée l’émotion est montée d’un coup ! C’était incroyable.

 

J’aimerais remercier l’association Sœurs d'Encre car je ne sais pas si j’aurais réussi à faire ce pas là seule. Je rentre dans un âge où la récidive est possible, et je me dis que ça ne m’arrivera pas car j’ai mon tatouage. C’est mon talisman.

 


Photographie par Nathalie Kaïd.

Interview et retranscription du témoignage par Mélissa Castillon.