Chantal & Céline

édition #2 - 2017

A 49 ans, je voulais « cacher » ce sein et passer à autre chose.

Je peux mettre des décolletés.

En 1992, j’ai mon premier cancer du système lymphatique Maladie Hodgkin s 'en suit un traitement, 80 rayons. J’avais un seul enfant. On m’avait dit que je ne pourrais plus en avoir. J’en ai eu deux ensuite.

 

Tous les ans, je faisais une mammographie.

En 2009, je découvre une petit grosseur bizarre et là on me fait une biopsie. J’avais de nouveau un cancer, du sein.  Mon quota de rayons étant dépassé, je ne pouvais plus avoir ce type de traitement. J’ai passé beaucoup de temps à Bergonié.

En 2010, il y a eu l’ablation , après la chimio. On m’avait déjà parlé de reconstruction mammaire. J'ai été opérée, on m' a mis la prothèse. Mais on a dû me réopérer au bout de trois ans car elle avait bougé.

 

En 2013, je prends le magazine Rose et je vois la photo d’un tatouage.

J’ai dit tout de suite à mon mari « je veux me faire tatouer un jour ».

J’avais déjà fait le mamelon mais cela ne tenait pas. On me disait que c’était ma peau mais je me suis aperçue que cela ne venait pas de moi. Les encres médicales ne tiennent pas longtemps. Je revenais tous les ans et j’en avais assez. Je voulais passer à autre chose.

 

Mon chirurgien était pour le tatouage mais elle voulait avant refaire tout correctement du fait que la prothèse avait tourné. J’étais inscrite à la Maison Rose et j’ai contacté Nathalie. Je suis venue à la deuxième session. Mon mari m’a accompagnée. On est venus d’Agen en moto.

 

Je voulais « cacher » ce sein et passer à autre chose.

 

Le matin quand je me levais, au bord du lit, c’était le sein que je voyais en premier dans le miroir. Aujourd’hui, je n’y pense même plus. Je peux mettre des décolletés. Comme tatouage j'ai une tête mexicaine très colorée. Pour me tatouer, je suis allée voir Céline avec qui le contact est bien passé, plusieurs fois . Lui apportant les différents éléments que je voulais sur mon tatouage. Elle a su créer un dessin qui m'a plu de suite. On est restées en contact et on s'est vues deux ou trois fois après.

Je ne peux pas toujours me déplacer à Bordeaux mais je vais essayer de venir pour la prochaine session : pour témoigner, pour les autres femmes, c’est important à mes yeux. 


Interview Lara Kastel, rédaction Laurence Marino, Armelle Mirieu Correction Nadine Fréou. Photos Nathalie Kaïd